La restauration des tableaux de Charles Cottet
- Le 10/04/2019
Dans le cadre de l'organisation de l'exposition « Derniers impressionistes » (Palais Lumière, 16 mars-2 juin 2019), les Amis du Palais Lumière ont participé à la restauration de quatre tableau d'un grand peintre injustement oublié : Charles Cottet (1863-1925).
Vous avez dit « Charles Cottet » ?
En 1928, Jacques-Émile Blanche note dans ses Propos de peintre : « … je me souvins qu’à la mort de Charles Cottet — un des peintres français de ma génération dont on aura le plus parlé de son vivant — une Parisienne plus qu’ « avertie », mais passionnée pour le « nouveau », m’avait dit : « Qu’est-ce qu’il faisait ? Je n’ai jamais regardé sa peinture.» Pourtant, qu’avait été Cottet? Une sorte de Derain ; une des têtes d’avant-garde du néo-impressionnisme. On s’arrachait ses œuvres ; elles prenaient place dans les collections publiques du monde entier. Sa mort récente et deux rétrospectives ont passé complètement inaperçues… » L’œuvre de la Charles Cottet aura pourtant été plus qu’un phénomène de mode. Elle figure aujourd’hui dans les plus grands musées nationaux et internationaux (musée d'Orsay, musée Rodin, musée de l'Ermitage à Saint-Pétersbourg, The Art Institute à Washington, Musée national d'art occidental à Tokyo...).
Né en Auvergne d’un père magistrat, Charles Cottet passe une bonne part de sa jeunesse entre Féternes et Évian où son frère cadet, Jules (1871-1959), s’installera comme médecin en 1898 et inventera la méthode de la cure de diurèse.
Charles Cottet étudie la peinture dans l’atelier d’Émile Maillard (1846-1926), puis à l’Académie Julian. Il sera notamment élève de Puvis de Chavannes. En 1886, il voyage une première fois en Bretagne. Frappé par les paysages de cette région et par ses habitants, il y séjournera et y peindra régulièrement, plus particulièrement à l'île d'Ouessant. Il y produit, sous le titre général d’Au pays de la mer, une série d’œuvres impressionnantes où se trouvent retracées les scènes de la rude vie des marins et où les multiples aspects de l’Atlantique et de la Manche sont intensivement rendus. Ses tableaux, souvent sombres, portent sur des thèmes graves comme des veillées funèbres d'enfants, des portraits de veuves, des scènes d'enterrement, etc., avec une prédilection pour les habitants d'Ouessant.
Dans la décennie 1900, Cottet fait partie, avec Lucien Simon, Edmond Aman-Jean, André Dauchez, George Desvallières et Maurice Denis d'un groupe de jeunes peintres surnommé « la Bande noire » par les critiques d'art. Ces jeunes artistes se recommandent de Gustave Courbet et de l’école réaliste, et utilisent des couleurs sombres pour exprimer une forme de mélancolie, la rigueur et la crudité de la vie quotidienne. Leur peinture est une sorte de réaction contre les tableaux très colorés de l'école de Pont-Aven.
Les tableaux exposés actuellement à Evian sont la propriété de la Ville et démentent cette réputation d'austérité. Il s'agit de quatre paysages marins aux couleurs vibrantes et chaleureuses.
Une belle occasion de (re)découvrir le talent d'un artiste très admiré à la Belle Epoque et qui repose depuis 1925, avec ses parents, au cimetière d'Evian.
Les tableaux restaurés grâce au soutien des Amis du Palais Lumière
Charles Cottet, Rayons du soir, huile sur toile, Ville d'Évian-les-Bains.
Charles Cottet, Port de Bretagne (Les voiles rouges), huile sur toile, Ville d'Évian-les-Bains.
Charles Cottet, Paysage marin, huile sur toile, Ville d'Évian-les-Bains.
Charles Cottet, La Pointe du Toulinguet à Camaret, huile sur toile, Ville d'Évian-les-Bains.
Après l'expostion d'Evian, ces quatre tableaux seront présentés au musée des Beaux-Arts de Quimper, durant l'été 2019.
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